Sunday, 6 July 2014

L’APRÈS-MIDI D’UN FAUNE

Stéphane Mallarmé était un poète symboliste français, et son travail a anticipé et a inspiré plusieurs écoles artistiques révolutionnaires du début du 20e siècle, tels que le cubisme, le futurisme, le dadaïsme et du surréalisme.
 Il est un croyant de la notion de poésie musical. C'est ce qui m'intéresse le plus dans son travail. Mallarmé a établi des liens forts entre la musique et sa poésie. Le poème ci--dessous peint une image très vives, et c'est l'un de mes favoris.

DÉBUT DU POÈME L’APRÈS-MIDI D’UN FAUNE

Le Faune:
Ces nymphes, je les veux perpétuer.
Si clair,
Leur incarnat léger, qu’il voltige dans l’air
Assoupi de sommeils touffus.
Aimai-je un rêve?
Mon doute, amas de nuit ancienne, s’achève
En maint rameau subtil, qui, demeuré les vrais
Bois même, prouve, hélas! que bien seul je m’offrais
Pour triomphe la faute idéale de roses.

Réfléchissons…

ou si les femmes dont tu gloses

Figurent un souhait de tes sens fabuleux!

Faune, l’illusion s’échappe des yeux bleus

Et froids, comme une source en pleurs, de la plus chaste:

Mais, l’autre tout soupirs, dis-tu qu’elle contraste

Comme brise du jour chaude dans ta toison?

Que non! par l’immobile et lasse pâmoison

Suffoquant de chaleurs le matin frais s’il lutte,

Ne murmure point d’eau que ne verse ma flute

Au bosquet arrosé d’accords; et le seul vent
Hors des deux tuyaux prompt à s’exhaler avant

Qu’il disperse le son dans une pluie aride,

C’est, à l’horizon pas remué d’une ride

Le visible et serein souffle artificiel

De l’inspiration, qui regagne le ciel.




Traduction:
Bien que la poésie souffre toujours avec traduction, ce poème présente une difficulté particulière, en partie parce que tant de mots et expressions ont été choisis pour le lyrisme plutôt que la précision. La traduction ci-dessous, compromet l'interprétation légèrement afin de maintenir le régime de la rime, est par Henry Weinfeld.

These nymphs that I would perpetuate:

so clear

And light, their carnation, that it floats in the air

Heavy with leafy slumbers.

Did I love a dream?

My doubt, night’s ancient hoard, pursues its theme

In branching labyrinths, which being still

The veritable woods themselves, alas, reveal

My triumph as the ideal fault of roses.

Consider…

if the women of your glosses

Are phantoms of your fabulous desires!

Faun, the illusion flees from the cold, blue eyes

Of the chaster nymph like a fountain gushing tears:

But the other, all in sighs, you say, compares

To a hot wind through the fleece that blows at noon?

No! through the motionless and weary swoon

Of stifling heat that suffocates the morning,

Save from my flute, no waters murmuring

In harmony flow out into the groves;

And the only wind on the horizon no ripple moves,

Exhaled from my twin pipes and swift to drain

The melody in arid drifts of rain,

Is the visible, serene and fictive air

Of inspiration rising as if in prayer.

J'espère que vous apprécierez ce poème autant que je fais!

2 comments:

  1. Quel beau poème! Erotique et évocateur... Je ne savais pas que tu étais amateur de poésie...
    Mon poète préféré est Lautréamont, tu connais?
    A bientôt
    Philippe

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    1. Merci, en fait je ne le connais pas, mais hâte de lire son travail!

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