Stéphane Mallarmé était un poète symboliste
français, et son travail a anticipé et a inspiré plusieurs écoles artistiques
révolutionnaires du début du 20e siècle, tels que le cubisme, le futurisme, le
dadaïsme et du surréalisme.
Il est un croyant de la notion de poésie musical. C'est ce qui m'intéresse le plus dans son travail. Mallarmé a établi des liens forts entre la musique et sa poésie. Le poème ci--dessous peint une image très vives, et c'est l'un de mes favoris.
DÉBUT DU POÈME L’APRÈS-MIDI D’UN FAUNE
Le Faune:
Ces nymphes, je les veux perpétuer.
Si clair,
Leur incarnat léger, qu’il voltige dans
l’air
Assoupi de sommeils touffus.
Aimai-je un rêve?
Mon doute, amas de nuit ancienne, s’achève
En maint rameau subtil, qui, demeuré les
vrais
Bois même, prouve, hélas! que bien seul je
m’offrais
Pour triomphe la faute idéale de roses.
Réfléchissons…
ou si les femmes dont tu gloses
Figurent un souhait de tes sens fabuleux!
Faune, l’illusion s’échappe des yeux bleus
Et froids, comme une source en pleurs, de
la plus chaste:
Mais, l’autre tout soupirs, dis-tu qu’elle
contraste
Comme brise du jour chaude dans ta toison?
Que non! par l’immobile et lasse pâmoison
Suffoquant de chaleurs le matin frais s’il
lutte,
Ne murmure point d’eau que ne verse ma flute
Au bosquet arrosé d’accords; et le seul
vent
Hors des deux tuyaux prompt à s’exhaler avant
Qu’il disperse le son dans une pluie
aride,
C’est, à l’horizon pas remué d’une ride
Le visible et serein souffle artificiel
De l’inspiration, qui regagne le ciel.
Traduction:
Bien que la poésie souffre toujours avec
traduction, ce poème présente une difficulté particulière, en partie parce que
tant de mots et expressions ont été choisis pour le lyrisme plutôt que la
précision. La traduction ci-dessous, compromet l'interprétation légèrement afin
de maintenir le régime de la rime, est par Henry Weinfeld.
These nymphs that I would perpetuate:
so clear
And light, their carnation, that it floats in the air
Heavy with leafy slumbers.
Did I love a dream?
My doubt, night’s ancient hoard, pursues its theme
In branching labyrinths, which being still
The veritable woods themselves, alas, reveal
My triumph as the ideal fault of roses.
Consider…
if the women of your glosses
Are phantoms of your fabulous desires!
Faun, the illusion flees from the cold, blue eyes
Of the chaster nymph like a fountain gushing tears:
But the other, all in sighs, you say, compares
To a hot wind through the fleece that blows at noon?
No! through the motionless and weary swoon
Of stifling heat that suffocates the morning,
Save from my flute, no waters murmuring
In harmony flow out into the groves;
And the only wind on the horizon no ripple moves,
Exhaled from my twin pipes and swift to drain
The melody in arid drifts of rain,
Is the visible, serene and fictive air
Of inspiration rising as if in prayer.
J'espère que vous apprécierez ce poème autant que je
fais!